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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/276

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

pathe de Marthe, elle se rappelait que cette minute de défaillance avait failli être la minute d’un crime. Toutefois, cette défaillance-là, elle la regrettait. Ah ! si elle ne l’avait pas eue, le fantôme ne serait plus apparu à personne ! Que ne l’avait-elle noyé dans le fleuve avec son redoutable médium !…

Dès qu’elle eut franchi la grille elle pressentit quelque nouveau malheur !…

Tous les domestiques, la fraülein et les enfants et la vieille institutrice étaient groupés sur le perron, faisant des gestes incompréhensibles et s’interpellant avec la plus grande agitation.

Fanny pressa le trot du poulain et perçut bientôt des exclamations, des cris : « Allons-nous-en !… Allons-nous-en !… »

On était à la fin du jour : cette sorte d’assemblée de fous sur les degrés de ce château blême, aux fenêtres closes, qui paraissait déjà une grande triste chose abandonnée, avait un aspect fantastique qui déplut singulièrement à Mme de la Bossière, laquelle s’était juré à elle-même de ne plus jamais se laisser troubler ni influencer par l’apparence plus ou moins bizarre des formes et des sons.

Aussitôt qu’ils l’aperçurent, les enfants coururent à elle, suivis de toute la domesticité.

Le petit Jacques pleurait, disant :

« Le fantôme !… maman !… le fantôme est encore là !… »

Quant à Germaine et à François, ils affirmaient avoir vu « papa » assis dans le grand fauteuil de la penderie… Et ils s’étaient sau-