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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

trats qu’il avait conduits lui-même dans ce trou de l’enfer où un idiot avait enchaîné un fou !… Un fou qui se croyait mort !… un fou qui se croyait damné !…

D’où les déambulations nocturnes du pauvre captif, momentanément évadé, vers les lieux et les personnes qui lui furent chers « pendant la vie »… vers Marthe et la petite maison du bord de l’eau, vers le château où il essayait, sans se faire voir (car il sait que l’aspect des morts effraie les enfants) d’apercevoir ses enfants !… d’où son errance dans les corridors du château dont il connaissait les détours, d’où son apparition dans cette penderie dont M. le juge d’instruction vient de découvrir la porte secrète qui conduisait par un couloir que l’on croyait condamné jusqu’à la Tour Isabelle, de là jusqu’aux vieilles douves…

Et maintenant que le pays de Sénart se tranquillise, que les esprits, ceux des vivants et des morts s’apaisent !… que les enfants et les amis de M. André de la Bossière espèrent !… les hommes de science, après avoir examiné son pauvre front démoli, cette plaie atroce, encore saignante de temps à autre sous la griffe du malheureux, ont déclaré qu’après une opération du trépan qui s’impose, la raison pourra revenir habiter ce crâne martyrisé ! Et surtout que Mlle  Hélier soit heureuse !… Si l’esprit ne lui répondait pas dans la table, c’est que l’esprit était encore vivant !