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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Avec un tact et un à-propos qui ne lui faisaient jamais défaut, Fanny appela au secours de l’institutrice le Dr Moutier, qui était très « calé » lui, comme il convenait à un savant de l’école de Nancy, sur les tables tournantes, les médiums, les esprits et les fantômes.

« Vous en avez fait tourner, des tables, vous, docteur ?

— Mais bien sûr, c’est un passe-temps très agréable. »

Il avait l’air de se moquer de lui-même, mais il n’en trouva pas moins le moyen de dire leur fait, avec une certaine grâce, aux intelligences moqueuses qui repoussent d’emblée la survie et les manifestations de l’Au-delà.

« Il est passé le temps où nous ne croyions, nous, médecins, qu’à ce que nous trouvions sous notre scalpel ! Des esprits comme Charcot…

— Est-ce que Charcot, de son vivant, s’est entretenu avec Napoléon Ier ? interrogea en gloussant l’incorrigible Saint-Firmin.

— Parlons sérieusement, répliqua le docteur…

— Non ! Non ! protestèrent quelques convives, pas sérieusement !… pas sérieusement !… »

D’autres, au contraire, encouragèrent l’orateur.

« Enfin ! vous êtes chrétiens ; croyez-vous, oui ou non, à l’immortalité de l’âme ? ou êtes-vous victimes, comme M. Saint-Firmin, d’un grossier matérialisme qui ne lui permet point de comprendre que la forme des choses et