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CHAPITRE XI

LES SOMBRES RÉFLEXIONS DE FANNY



Elle se sauva… Elle aurait bien voulu poser d’autres questions, une autre, par exemple, mais elle sentait bien que celle-là, elle n’oserait jamais, jamais… et elle sentait bien aussi qu’il ne fallait pas la poser !… D’abord, elle regrettait déjà ce qu’elle avait fait… se jugeait imprudente… son cœur battait dans sa poitrine à grands coups sourds… elle manquait d’air… elle baissa les deux glaces de la limousine qui la ramenait à toute allure à la Roseraie. Il lui semblait que Gordas s’était quelque peu étonné de ses questions. Elle se reprochait de n’avoir pas été assez naturelle…

Cependant, quoi de plus naturel que de venir au magasin pour lui recommander ce paquet… et quoi de plus banal que cette remarque indifférente : « Comment ! les magasins n’ouvrent pas avant neuf heures. » Vraiment, non, elle n’avait pas trop insisté.

Là où elle aurait été impardonnable, évidemment, ç’eût été si elle avait demandé :