Aller au contenu

Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
ÉTRANGE ATTITUDE D’UN PETIT CHAT VIOLET

que la brise qui agite les stores légers est odorante ? N’est-ce pas qu’il y a des milliards d’étoiles et que la vie est éternellement bonne ? N’est-ce pas que Théophraste, sans le savoir, sera éternellement cocu ?

Mensonge de la terre et du ciel ! Mensonge de la vie, mensonge du bonheur ! Le bonheur ! Il cache un gouffre plus profond que celui qui se dissimule derrière le sourire en fête des vagues. Il renferme des ouragans plus chargés de foudre que le « grain » qui monte au radieux horizon des mers de Cochinchine ! (Tout le monde sait que les tempêtes les plus épouvantables sont celles des mers de Cochinchine. On les appelle typhons.)

Oui, un petit « grain » de rien du tout annonce et précède les perturbations les plus regrettables de l’atmosphère. Ainsi, au commencement des véritablement grands malheurs de Théophraste, de Marceline et d’Adolphe, il y eut — quelque chose qui n’a pas grande importance en soi — l’étrange attitude d’un petit chat violet.

Je n’ai point encore décrit par le menu l’appartement qu’occupait le ménage Longuet, rue Gérando. La chose devient nécessaire. C’était un petit appartement de douze cents francs de loyer. On entrait par une porte à deux battants dans un vestibule aux dimensions restreintes, comme vous pensez bien. Un bahut de chêne ciré l’encombrait encore. Outre la porte d’entrée, quatre portes ouvraient sur ce vestibule ; c’étaient la porte de la cuisine et la porte de la salle à manger à gauche, la porte du salon et celle de la chambre à coucher à droite. Le salon et la chambre à coucher étaient sur la rue. La cuisine et la salle à manger étaient sur la cour. Sur la rue encore donnait la fenêtre d’un petit cabinet dont M. Longuet avait fait son « bureau ». On pénétrait dans ce petit cabinet à la fois par une porte qui ouvrait sur