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XII

ÉTRANGE ATTITUDE D’UN PETIT CHAT VIOLET


Il semble que le Destin qui commande aux hommes prend un détestable plaisir à faire précéder les pires catastrophes des joies les plus sereines. Ainsi, la tempête n’est-elle souvent annoncée que par le calme sournois des éléments. Voyez ces trois êtres, l’homme, la femme et l’amant, arrêtez votre regard et votre pensée sur ce charmant tableau de « fin de dessert ». Ils ont dîné au restaurant, en cabinet particulier. L’homme allume un cigare, la femme allume une cigarette russe, et l’amant, de son regard langoureux et de ses discours suaves aux termes choisis par l’amour, allume la femme, mais d’une flamme tellement douce, d’un feu si discret, que rien ne semble devoir troubler jamais la paix de leurs triples et aimables digestions. Dites-moi si ces êtres ne sont pas heureux, non seulement du bonheur présent, mais de tout celui à venir ? N’est-ce pas ? N’est-ce pas qu’il est de toute harmonie que cela continue ? N’est-ce pas que la nuit est pure ? N’est-ce pas