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ÉTRANGE ATTITUDE D’UN PETIT CHAT VIOLET

nètre avec eux dans le vestibule. Il engage ses amis à se coucher tout de suite, car le lendemain on doit se lever de bonne heure. Il embrasse Marceline (il a pris depuis peu l’habitude d’embrasser Marceline le soir, avant d’aller se coucher, parce que Théophraste l’a exigé absolument), il serre avec une démonstration sincère d’amitié fervente la main de Théophraste : il est déjà sur le palier. Et, pendant qu’il descend l’escalier, Théophraste « lui tient la lampe ». (Cette petite lampe était sur le bahut ; Théophraste n’a eu qu’à l’allumer en entrant.) « À demain ! » murmure Adolphe dans la nuit de la cage. Et puis on entend le grand coup sourd de la porte qui se referme. Adolphe est parti pour la rue des Francs-Bourgeois, qu’il habite et où il va passer une excellente nuit. Théophraste a refermé la porte de l’appartement, à clef, avec le plus grand soin. Il a fait « deux tours », ainsi que le lui demande Marceline. C’est même imprudent de ne pas avoir de verrou de sûreté, « mais il n’est jamais rien arrivé dans la maison ». Il n’importe ; maintenant qu’on est très souvent à la campagne, « il faut faire faire un verrou de sûreté ». Théophraste et Marceline ont visité minutieusement l’appartement ; ils sont allés dans la cuisine, dans la salle à manger, dans le salon, dans le bureau et même dans les water-closets avant de se retrouver dans leur chambre à coucher. Ils ont constaté qu’en leur absence il ne s’est rien passé d’anormal. Ils se déshabillent. Je crois bien que c’est la troisième fois, depuis que nous avons entrepris le récit de l’aventure de Théophraste, que nous nous trouvons dans la chambre à coucher du ménage ; c’est la faute des événements, et je n’y puis rien.

Ils sont couchés. Ils ont soufflé la bougie, posée sur la table de nuit. Selon sa coutume, Théophraste est « dans le coin ». Théophraste n’est pas brave : il ne s’en