passeraient partout, partout, le soir, dans les rues les plus désertes, dans les quartiers les plus mal famés, et qui n’hésiteraient pas à s’aventurer, pour leur plaisir, dans des culs-de-sac sans réverbères ; mais moi je vous dis, parce que c’est la vérité, parce que vous savez que c’est la vérité : celui qui rit du bruit inexpliqué, la nuit, dans l’appartement, celui-là n’est pas encore né !
Nous avons assisté déjà à l’insomnie de Théophraste, la nuit de la révélation, et alors, à cause du grand, du formidable secret jailli des pierres de la Conciergerie, l’anxiété s’était assise sur son cœur. Eh bien ! cette anxiété, qui avait cependant sa terrible raison d’être, n’était rien, mais rien du tout, comparée à celle qui l’étranglait parce qu’il y avait, la nuit, dans l’appartement, un bruit inexpliqué.
C’était un drôle de bruit, certainement, mais tout à fait réel, sans aucun doute, sans aucun doute. Ce bruit faisait ron ron ron ron ron ron ron ron. Et ce bruit faisait cela, derrière le mur, « dans la pièce à côté ».
Vous savez qu’il n’y a rien de plus effrayant, la nuit, dans l’appartement, qu’un bruit inexpliqué, si ce n’est le bruit d’un craquement de meuble, qui est un bruit expliqué, mais plus effrayant encore. Alors, oh ! alors, vous entendez votre cœur qui bat contre votre poitrine, comme on frappe à une porte avant de l’ouvrir, et il y a des gens, des gens pourtant braves, qui mettent précipitamment leurs mains contre leur cœur, parce qu’ils savent très bien que s’ils oubliaient cette précaution leur poitrine s’ouvrirait et que leur cœur roulerait sur la descente de lit. Eh bien ! je le dis, le bruit que Théophraste et Marceline écoutaient, dégouttants de sueur, était bien autrement plein d’épouvante qu’un craquement de meuble, parce que cela faisait, derrière le mur : ron ron ron ron ron, que cela était le ronron d’un chat,