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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

La chose se passait dans le petit salon de Mme Petito, à côté du piano où elle jouait plusieurs fois par jour le Carnaval de Venise ; mais en ce moment ni M. ni Mme Petito ne songeaient à faire de la musique.

Mme Petito disait :

— Je n’y comprends rien. La conduite de M. Longuet aujourd’hui à Saint-Germain, d’après ce que tu me dis, ne nous instruit guère, mais tu dois ne pas te souvenir des termes, de tous les termes. « Va prendre l’air aux Chopinettes, regarde le Coq, regarde le Four… » c’est vague, et qu’est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire d’abord, répondit M. Petito, que le trésor doit se trouver aux environs de Paris, du Paris de l’époque : Va prendre l’air… Mon avis est qu’il faut chercher ou du côté de Montrouge ou du côté de Montmartre. Les Chopinettes devaient être un endroit où l’on se régalait en parties fines, certainement un endroit champêtre. Je penche pour Montmartre, à cause du Coq. Il y avait un château du Coq aux Porcherons… Regarde ce plan du vieux Paris…

Ils regardèrent le plan sur un petit guéridon.

— C’est encore bien vague, ajouta après un silence M. Petito. Moi, je crois qu’il faut surtout s’attacher à ces mots : le      Four.

— Mon cher ami, c’est de plus en plus vague alors, car il y avait beaucoup de fours autour de Paris, de fours à plâtre, de fours à chaux, de fours à briques…

— Mon idée, fit M. Petito, est que le      Four ne veut pas dire le Four, car je me souviens (et tu sais de quelle prodigieuse mémoire je suis doué !) qu’il y avait un certain espace entre le mot le et le mot Four, et après le mot Four il y avait encore un grand espace sur le papier. Passe-moi le dictionnaire.

Mme Petito se leva avec les plus grandes précautions