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XIV

M. THÉOPHRASTE LONGUET PRÉTEND QU’IL N’EST PAS MORT SUR LA PLACE DE GRÈVE.


M. Longuet, dans les notes qu’il consigna le lendemain de cette nuit funeste sur son carnet des Mémoires, ne paraît pas avoir attaché autrement d’importance à l’essorillement de M. Petito.

« La nature des femmes, dit-il, est tout à fait délicate ; j’en jugeai par l’émoi de ma chère Marceline. Elle ne pouvait admettre que j’eusse coupé les oreilles de M. Petito. Sa manière de raisonner était incroyable et combien incompréhensible, mais je la lui pardonnai à cause de sa sensibilité excessive. Elle disait que je n’avais pas besoin de couper les oreilles de M. Petito. Je lui répondis qu’évidemment on n’avait jamais besoin de couper les oreilles d’un homme, pas plus qu’on n’a besoin de le tuer ; et, cependant quatre-vingt-dix-neuf hommes sur cent, affirmai-je (et nul ne me contredira), auraient tué chez eux, la nuit, M. Petito. Elle-même, qui n’était après tout qu’une femme, si le revolver eût