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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

paix d’âme de M. de la Nox pour me tranquilliser à peu près dans l’extrémité où nous nous trouvions. Mais M. de la Nox, qui est bien l’esprit le plus complet et le plus divin de notre époque (voyez ses travaux sur le Sepher de Moïse et sur l’origine des langues, où ses déductions, tirées d’une triple étude hébraïque du Besaeschit, chinoise du Kinh, sanscrite du Véda, laissent loin derrière elles les hésitations de Fabre d’Olivet, renouvelées des premières propositions de Court de Gébelin.)

» M. de la Nox, dis-je, est encore la volonté la plus absolue et la plus dominatrice qu’ait connue le monde depuis Jacques Molay, auquel il a succédé dans la direction suprême de l’Ordre actuel et secret des Templiers.

» Aussi, je me rappelais les démonstrations catégoriques de son dernier traité de Chirurgie psychique et les enseignements mathématiques de son opuscule sur le Scalpel astral. Si j’énumère toutes les raisons que j’avais de croire en M. de la Nox, c’est que je veux réfuter par avance le reproche que l’on pourrait me faire d’avoir laissé M. de la Nox traiter mon meilleur ami avec la dernière rigueur. Enfin, les excentricités criminelles de M. Longuet, dont avaient été les premières victimes les oreilles de M. Petito, me faisaient redouter les plus irrémédiables catastrophes, et c’est ainsi que je fus porté à considérer l’opération de la mort de Cartouche comme un bienfait non seulement possible mais réalisable, sans un trop grand risque.

» Quant à Mme Longuet, sa foi était si complète en M. de la Nox qu’elle ne fit d’abord quelques remarques timides que pour dégager moralement une responsabilité qu’à tout prendre elle ne croyait pas engagée. Et puis (pourquoi ne pas le dire ?), la terreur où elle était de coucher avec Cartouche — terreur que j’avais prévue et qui avait été une des raisons pour lesquelles je lui