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OÙ L’ON ESSAIE DE TUER CARTOUCHE

Les minutes qui suivirent furent affreuses pour nous, avoue M. Lecamus, et bien tristes aussi pour Cartouche, qui a repassé la fin de sa carrière, laquelle fut gâtée par la trahison sans cesse renaissante de son lieutenant et l’acharnement incroyable de la police.

La relation de M. Lecamus ne présente rien avant la scène de la torture, qui puisse nous occuper, car elle ne nous apprend quoi que ce soit de nouveau, et elle ne fait en somme que corroborer l’histoire. Il n’est pas utile, en effet, de descendre dans le laboratoire de M. de la Nox pour connaître tous les détails de la sensationnelle arrestation et de l’emprisonnement au Grand-Châtelet. J’en rappellerai quelques-uns. Nous trouvons au Registre des ordres du roi (lettres de cachet) : « Du 16 may 1721, ordre du Roy de saisir et arrêter le nommé Cartouche, qui a assassiné le sieur Huron, lieutenant de robe courte, et le nommé Tanton ; et aussi Cartouche Cadet, dit Louison ; Le Chevalier, dit le Craqueur, et Fortier, dit de Mouchy, pour complicité d’assassinat. » En marge, en regard du nom de Cartouche, ce seul mot : « Rompu. »

La chose était plus facile à dire qu’à faire. Ce n’est que le 14 octobre 1721 que la trahison porta ses fruits et que nous pouvons lire le rapport de Jean de Coustade, sergent d’affaires de la compagnie de Chabannes, quarante-sept ans, vingt-sept ans de services.

M. de Coustade prit avec lui quarante hommes et quatre sergents désignés par Duchâtelet (le lieutenant de Cartouche qui le trahissait, lui-même sergent aux gardes françaises. On lui avait promis la vie sauve). Cette petite armée prit des habits bourgeois, dissimulant ses armes, et cerna fort mystérieusement la maison désignée par Duchâtelet. Il pouvait être un peu plus de neuf heures du soir quand ils arrivèrent en vue du ca-