Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
M. LONGUET SUBIT LA TORTURE

la journée sera rude, mais j’ai le cœur serré de courage. Ils ne l’entameront pas !…

Ici, M. Théophraste Longuet, sur son lit de sangle, pousse un cri effroyable.

La bouche de Théophraste est grande ouverte et le hurlement s’en échappe toujours. Adolphe et Marceline sont penchés sur ; lui et se demandent avec horreur quand ce hurlement cessera et quand cette bouche se refermera…

Quant à M. Éliphas de la Nox, il dit :

— C’est la torture qui commence. Mais s’il se met à hurler comme cela au premier coup de maillet !… Ça ne va pas être drôle…

M. Éliphas de Saint-Elme de Taillebourg de la Nox ne s’attendait point à ces hurlements. Il calma l’émotion de M. Lecamus et de Mme  Longuet d’un geste suprême et il voulut ordonner quelque chose à Théophraste, quelque chose qu’on ne sut jamais, car le hurlement, qui continuait, empêcha que l’on entendît ce quelque chose.

Enfin le hurlement devint gémissement et le gémissement lui-même se tut. La figure de Théophraste était redevenue relativement placide…

D. Qu’as-tu donc à crier de la sorte, Cartouche ?

R. Je crie parce que c’est un supplice terrible que de ne pouvoir dénoncer mes complices. Je les ai sur le bout de la langue ! Ils ne voient donc pas que si je ne les dénonce point, c’est que je ne puis remuer le bout de la langue ? Pourquoi Cartouche n’a-t-il pas remué le bout de la langue ? Moi, je ne peux pas ! je ne peux pas ! je ne peux pas ! Et ils vont encore venir avec leur maillet ! Et ils vont encore m’enfoncer des morceaux de bois dans les jambes ! C’est injuste ! Je ne peux pas remuer le bout de la langue !…

C. Et maintenant, qu’est-ce qu’on te fait, Cartouche ?