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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/204

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

reçu du ciel le don des mathématiques. Je me demande si mon pauvre mari aura la force de les supporter.

M. Éliphas de la Nox se pencha sur le cœur de Théophraste et l’ausculta comme avaient fait le chirurgien et le médecin de Cartouche sur Cartouche, dans la salle de la torture, dix minutes auparavant.

— L’homme est solide, fit-il. Je crois que nous n’avons, à ce point de vue, presque rien à craindre. Il enterrera Cartouche.

« On me consulta, fait remarquer M. Lecamus, et je fus de cet avis, les larmes aux yeux, que puisqu’on avait tant fait, il eût été regrettable de « reculer », pour la sécurité future et pour le bonheur définitif de M. Longuet.

— C’est un mauvais moment à passer, fis-je.

Mme Longuet, avec un soupir où elle avait mis sa tendresse, qui est grande, pour son mari, dit :

— Certes ! c’est un mauvais moment à passer pour tout le monde ; mais il faut tuer Cartouche ! M. Longuet nous en remerciera après. Et puisque vous nous dites que l’homme est solide, faites, monsieur de la Nox, faites vite !

M. de la Nox reprit donc le cours de son interrogatoire :

D. Et maintenant, que fait-on de toi, Cartouche ?

R Ils m’interrogent. Je ne peux pas répondre. Depuis quelques minutes, je me demande ce que cet homme, dans le coin du cachot qui est à ma droite, peut bien faire. Je n’ai pas encore vu son visage ; il me tourne le dos et il masque un bruit de ferraille. Le bourreau, en ce moment, est bien tranquille. Il est appuyé contre la muraille et il bâille. Il y a une lampe sur la table qui éclaire deux hommes qui ne cessent d’écrire. Je viens d’apercevoir une petite lueur rouge