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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

de l’ « instruction générale de tous les agents de police ou de sûreté ». Enfin, le bruit nous est venu que M. Lépine, préfet de police, de son côté, a ordonné que l’on consacrerait quelques cours du soir, à la préfecture, à l’histoire authentique de l’illustre bandit. »

Que dites-vous de cela ? demanda Théophraste avec une grande béatitude amusée. La farce est joyeuse, et les journalistes sont d’aimables cocos de nous sortir de pareilles bourdes !

Adolphe ni Marceline ne souriaient. Marceline avait un léger tremblement dans la voix quand elle pria Théophraste de « continuer ». Il reprit paisiblement le cours de sa lecture.

« Le premier crime du nouveau Cartouche, celui du moins dont la Sûreté eut tout d’abord à s’occuper, ne présente point cette horreur que nous retrouvons dans quelques autres. C’est un crime galant. Disons tout de suite que tous les crimes dont nous avons connaissance et que l’on attribue au nouveau Cartouche ont été accomplis depuis quinze jours au plus, et toujours de onze heures du soir à quatre heures du matin ! »

Mme  Longuet s’était levée toute pâle ; M. Lecamus la fit se rasseoir assez brutalement et un serrement furtif de sa main lui commanda de se taire.

Théophraste dit :

— Qu’est-ce qu’ils veulent dire avec leur nouveau Cartouche ! Moi, je ne connais que l’ancien ! Enfin, voyons le crime galant !…

Et il lut, toujours de plus en plus calme :

« Une femme, une jolie femme, très connue à Paris, où son salon littéraire est couru de tous ceux qui s’occupent avec élégance des choses du spiritisme — nous croyons ainsi l’avoir suffisamment désignée sans cependant la compromettre — une femme, une jolie