Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
THÉOPHRASTE VEUT S’INSTRUIRE

— Et que fîtes-vous alors ?

— Je ne m’expliquais point cet incident et je le croyais terminé quand il se passa quelque chose de plus étrange encore.

— Ah ! ah !

— Nous avions visité le cachot de la reine et celui de Robespierre, et la chapelle des Girondins, et cette petite porte qui n’a point changé depuis que les malheureux prisonniers de septembre la franchirent pour se faire massacrer dans la cour ; nous étions revenus dans la rue de Paris. Il y a là sur la gauche un petit escalier que nous ne descendons jamais, car il conduit aux caves et il n’y a rien à voir dans les caves, que la nuit qui y règne éternellement. La porte qui est au bas de ce petit escalier est fermée par une grille qui a peut-être mille ans et même davantage. Le monsieur que l’on appelle Adolphe se dirigeait, avec la dame, vers la porte de sortie de la salle des Gardes quand, sans rien dire, l’homme à l’ombrelle verte descendit le petit escalier. Quand il fut à la grille, il cria, avec la voix étrange dont je vous ai parlé tout à l’heure :

» — Eh bien ! Où allez-vous ? C’est par ici !

» Le monsieur, la dame et moi, nous nous arrêtâmes comme pétrifiés. Il faut vous dire, monsieur, que sa voix était tout à fait terrible et que rien dans l’aspect de l’homme à l’ombrelle verte ne préparait à entendre une voix pareille. Je courus comme malgré moi au haut du petit escalier. L’homme me lança un regard foudroyant. Vrai, j’étais comme foudroyé, pétrifié et foudroyé, oui, monsieur, et quand il m’ordonna : « Ouvrez cette grille ! » je ne sais comment j’ai trouvé encore la force de descendre précipitamment les degrés et de lui ouvrir la porte, ainsi qu’il me le demandait d’une façon si exceptionnellement énergique. Alors…