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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

quelque chose, je ne suis pas un homme à avoir fait languir le lecteur et je lui aurais démontré l’affaire sans ambage, et je n’aurais pas hésité à publier comme premier plan la ligne AB et la petite ligne hi.

Si je ne l’ai pas fait, c’est que cette petite ligne de garage hi n’explique rien. Moi aussi, j’ai cru qu’elle allait nous faire comprendre la disparition du train, mais elle complique la catastrophe, au lieu de l’expliquer, car voici l’histoire, l’histoire vraie qui continue à ne rien expliquer du tout.

Errant le long de la route qui suivait la voie du chemin de fer, Théophraste avait remarqué la petite ligne de garage, et il avait vu que la clef avait été laissée dans le cadenas de l’aiguille. Ceci, qui n’avait aucune importance avant son entrevue avec Mme  Petito, en prit une énorme quand il résolut de rejoindre coûte que coûte M. Petito qui était dans le train qui allait lui passer sous le nez. M. Longuet se dit : je ne puis monter normalement dans le rapide qui brûle les deux gares A et B. Mais il y a une petite voie de garage hi ; la clef est sur le cadenas de l’aiguille ; je n’ai qu’à retourner la lentille et le rapide s’engagera sur la ligne hi. Le mécanicien, puisqu’on est en plein jour, s’en apercevra, arrêtera le train et moi je profiterai de cet arrêt pour sauter dans le train.

N’est-ce-pas ? C’est excessivement simple. Théophraste fit comme il le pensait. Il retourna la lentille et, montant le long de la voie hi, il attendit le rapide.

M. Théophraste Longuet, caché derrière un arbre, pour n’être aperçu ni du chauffeur, ni du mécanicien, attendit le rapide au point K, c’est-à-dire avant la carrière i. Il attendit le rapide venant de h, les yeux sur la voie. Si, comme tous les lecteurs, depuis que j’ai parlé de la carrière, l’ont pensé, le train s’était précipité, ve-