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LE BON BOUT DE LA RAISON

qu’il passe en K et il faut qu’il aille se jeter en i, puisqu’il ne peut pas être autre part. Par un hasard nécessaire, pendant que le commencement du train s’engouffre dans le monticule de sable qui l’engloutit (j’imagine avec certitude que la ligne hi est trop courte pour que le mécanicien, s’étant aperçu par exemple, de son erreur à mi-route, ait eu le temps de parer la catastrophe), la chaîne d’attelage du dernier wagon est brisée, et le wagon ainsi que le fourgon de queue se mettent à descendre jusqu’en K la voie qui était un peu montante, puisqu’elle allait à un monticule. Là, après être descendu en h et remonté en K, vous avez vu le wagon et M. Petito à la portière. (Votre M. Petito a ouvert la portière, peut-être pour se jeter sur la voie, au moment où il s’est rendu compte de la catastrophe imminente, et comme celle-ci s’est produite, un choc a refermé la portière sur la tête de votre M. Petito.)

» — Ça, je le comprends ! Mais ce que je ne comprends pas…

» — Voyons d’abord tout ce que nous comprenons. C’est le bon bout de la raison. Nous verrons ensuite ce que nous ne comprenons pas. On n’a retrouvé personne dans le fourgon. La secousse a certainement projeté le garde-frein dans le sable. Tout cela est certain. Maintenant, après avoir dépouillé M. Petito de ses habits, vous vous asseyez sur un talus et vous lisez les papiers de votre M. Petito. Quand vous levez la tête, le wagon n’est plus là ! Parbleu ! puisqu’il y a pente et puisqu’il y a du vent, un vent qui, à la portière, agitait la tête de M. Petito comme un pavillon ! Le wagon, après avoir glissé jusqu’en h, s’est retrouvé sur la ligne AB, un peu plus loin que h, du côté de B, où les hommes d’équipe l’ont certainement retrouvé ! Comprenez-vous, maintenant ? Comprenez-vous tout, excepté que vous n’avez pas