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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/88

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

— Ah ! ah ! répliqua Théophraste en jetant sur M. Petito un singulier coup d’œil, vous aussi, vous allez aux Porcherons ?

— Aller là ou ailleurs… dit M. Petito en plaisantant.

Et il suivit Théophraste. Il y eut un petit silence, au bout de quoi M, Petito osa formuler cette question :

— Et où en sont vos trésors, monsieur Théophraste Longuet ?

Théophraste fit brusquement un demi-tour.

— Eh mais ! s’écria-t-il, qu’est-ce que ça peut vous f… ?

— Vous vous rappelez que vous m’avez apporté, un jour, pour quelques remarques sur l’écriture…

— Je me le rappelle, et vous, vous avez tort de vous en souvenir ! fit Théophraste d’un ton sec, en ouvrant son parapluie, car il commençait à pleuvoir.

M. Petito, nullement découragé, se mit à l’abri sous le parapluie de Théophraste.

— Oh ! monsieur, je ne dis point cela pour vous désobliger…

Ils étaient arrivés au coin de l’avenue Trudaine et de la rue des Martyrs. Ils descendirent. Théophraste était de fort méchante humeur.

— Monsieur, dit-il, j’ai rendez-vous au cabaret du Veau qui tette, à côté de la chapelle des Porcherons que voici…

— Mais c’est la chapelle Notre-Dame-de-Lorette et nullement celle des Porcherons.

— Je n’aime point qu’on se paie ma tête, affirma Théophraste.

M. Petito protesta.

— Je sais bien qu’elle vaut cher, ma tête, continua Théophraste en regardant M. Petito de façon de plus en plus étrange. Savez-vous combien elle vaut, monsieur