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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/99

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THÉOPHRASTE MANQUE UN BROCHET

— Les bohémiens lui apprirent le jeu du bâton et de l’épée, à tirer au pistolet, à sauter sur les toits, à escamoter, à faire la roue, à faire le saut périlleux en avant et en arrière…

— Toutes choses utiles…

— À vider les poches des bourgeois et gentilshommes sans que ceux-ci s’en aperçussent. À douze ans, c’était un gentil garçon. Il n’avait pas son pareil pour rapporter mouchoirs, tabatières, montres et, nœuds d’épée…

— Ça ! dit Théophraste, ça ! ça n’est pas bien !…

— S’il n’y avait que ça ! s’écria Adolphe !…

— Quoi donc encore ?

— Attends ! Prends patience ! courage et patience ! Il t’en faudra. La troupe de bohémiens se trouvait à Rouen quand le petit Louis-Dominique tomba malade.

— Le pauvre petit ! Il n’était pas fait pour une pareille existence.

— Il entra à l’hôpital de Rouen. C’est là que son oncle, un frère de son père, le découvrit. Il le reconnut, il poussa un cri de joie, l’embrassa, jura de le ramener à ses parents.

— Le brave homme d’oncle ! Louis-Dominique était sauvé !…

Impatienté, M. Lecamus se tourna vers Théophraste et le pria de cesser ses interruptions continuelles, affirmant qu’il mettrait bien dix ans à lui raconter l’histoire de Cartouche s’il ne voulait se résoudre à écouter en silence.

— Tu es bon, toi ! fit Théophraste. Je voudrais bien te voir à ma place… Enfin, je te promets de faire ce que tu voudras ; mais, avant tout autre détail, dis-moi si ce Cartouche était aussi redoutable qu’on l’a raconté. Était-ce un chef de brigands ?