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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/102

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GASTON LEROUX

remarqués autant par leur logique policière que par la forme littéraire qu’il savait leur donner. Enfin ! il avait du courage !…

Dans la circonstance que j’ai dite plus haut, on s’adressa à M. Lebouc, qui en fut très fier, mena sa mission à bien et mérita en tout la confiance de ses chefs. Le personnage visé était encore plus puissant que coupable et il avait des amis qui étaient décidés à tout pour le sauver. Ce fut M. Lebouc qui fut sacrifié et qui accepta son martyre, grassement payé, avec une humilité où tout le monde trouva son compte. On se priva de ses services pendant quelque temps ; mais, chaque fois que se présentaient des opérations délicates du genre de celle qui lui avait valu une si haute réputation dans la police, on songeait à M. Lebouc et on l’employait sous un autre nom. Un seul de ces noms finit par lui rester « entre gens au courant », celui de l’Émissaire.

M. Bessières avait eu l’occasion, au cours de sa brillante carrière, d’apprécier les qualités de « l’émissaire », son intelligence éveillée, sa discrétion absolue et surtout cette facilité souriante avec laquelle il était toujours prêt à se laisser « désavouer ».

En voilà plus qu’il n’en faut pour expliquer la présence dans les bureaux de la rue des Saussaies d’un homme qui aurait été autrefois « la perle » de la rue de Jérusalem…

M. Lebouc resta seul, plus d’une heure, en tête à tête avec cette espèce de fou dont M. Bessières l’avait chargé, d’un signe, de le débarrasser au plus tôt.

Pendant ce temps, le chef de la Sûreté générale était descendu, par les couloirs intérieurs qui faisaient communiquer ses bureaux avec le ministère de l’intérieur, chez le ministre, où se trouvait justement le garde des sceaux. Il ne fut parlé là que de l’affaire qui occupait Paris : celle de Corbillères. La séance fut chaude. Quand