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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/146

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GASTON LEROUX

choux avec l’orgueilleuse certitude de ne rien ignorer des merveilles de « la capitale du monde moderne… » La porte de fer qui s’ouvrait sur cet antre mystérieux où l’art léger d’une habile statuaire semble avoir ressuscité, en des figures auxquelles il ne manque que la parole, les gestes les plus fameux de l’histoire, était entr’ouverte.

— Il est peut-être entré là ? dit une voix.

— Dame ! fit une autre, un automate, ça ne peut pas être mieux caché qu’au milieu des poupées de cire !…

Cette phrase était foudroyante de logique…

Les trente personnes qui l’avaient entendue, laissant courir les autres, pénétrèrent sous la voûte, ou plutôt s’y ruèrent, bousculant les employés, sautant par-dessus les tourniquets… Elles arrivèrent ainsi, essoufflées et un peu ahuries, dans les premières salles de ce musée de l’illusion…

Un bon père de famille qui s’était ingénié, comme il arrive souvent, à rester immobile sur une banquette, histoire d’intriguer les visiteurs et d’amuser sa petite famille aux aguets non loin de là, s’étant levé tout à coup, comme détendu par un ressort, passa là peut-être le quart d’heure le plus désagréable de sa vie…

Heureusement pour lui qu’il n’était pas muet. Comme il protestait avec des cris épouvantés contre l’affreux traitement qu’on lui faisait subir, quelqu’un fit observer que la poupée ne parlait pas, ce qui le sauva d’un dépeçage en règle ; mais on ne l’en rendit pas moins fort endommagé à ses enfants en larmes. Il quitta l’établissement en jurant de n’y plus remettre les pieds et il reprit le soir même le train pour Angoulême.

Malgré les efforts des employés, le groupe envahisseur continuait sa folle inspection, secouant les mannequins à n’en plus laisser que la carcasse.

Nous n’insisterons pas sur cette déplorable expédition, qui ne fut qu’un incident, du reste, dans le tumulte