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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/156

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GASTON LEROUX

le mystérieux enclos. Quelques boîtes de peinture fraîchement ouvertes, deux gros pinceaux abandonnés encore enduits de la matière colorante, non seulement attestaient la toilette que l’on avait fait subir à la petite auto, mais encore apportaient le plus formel des témoignages sur son mode de camouflage… Si bien qu’après un voyage de quelques heures à Melun, Jacques Cotentin était suffisamment renseigné pour se faire une idée de la façon dont étaient habillés et la voiture et ceux qui l’occupaient.

N’ayant rien laissé derrière lui, dans la maison de Corbillères, de ce qu’il y avait trouvé, de façon à n’être point gêné dans ses propres recherches (car il redoutait par-dessus tout, dans cette affaire, l’intrusion de la police) il put donc se lancer aux trousses de son automate avec toutes les chances de le rejoindre au plus tôt.

Il n’avait déjà que trop perdu de temps. Le sort de Christine devait être lamentable. Les traces de la dernière lutte qu’elle avait eue à subir à Corbillères contre les exigences de la poupée, prouvaient que la malheureuse fille de Norbert n’avait accompagné le monstre qu’à son corps défendant et continuait à être sa proie…

Aussi, quelle ne fut pas la surprise du prosecteur quand, sur le chemin suivi par les fugitifs, dans une petite auberge des bords de la Marne, il apprit que c’était la jeune fille qui était descendue de l’auto et avait fait elle-même toutes provisions nécessaires avant d’aller rejoindre dans la voiture le jeune homme qui l’y attendait, assis tranquillement au volant…

Après les sanglantes étapes d’une piste où il n’avait découvert jusqu’alors que coups et blessures pour Christine, Jacques ne pouvait que se réjouir de voir que les choses tournaient moins au tragique que le début de l’aventure ne le faisait prévoir… Il s’en réjouit certainement, mais il n’en fut pas moins intrigué…

Les voyageurs avaient fait le tour de Paris et pris