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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/173

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LA MACHINE À ASSASSINER
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ils ne se quittent jamais… Ils passent bras dessus, bras dessous, en se disant des choses à l’oreille ! C’est délicieux de les voir !… Du reste, ils sont très beaux tous les deux ! Ils font l’admiration de tout le monde, ici, bien qu’ils vivent un peu en sauvages !… Je veux dire qu’ils n’admettent personne dans leur intimité…, et ils ont bigrement raison !… C’est plaisir de les voir assis l’un à côté de l’autre, l’après-midi, sous un sapin, à Pra-de-la-Cour, la main dans la main, regardant les autres faire du ski ou se luger !… et puis, ils s’en retournent comme ils sont venus !… C’est beau, l’amour !…

— Mademoiselle ! fit d’une voix rauque Jacques Cotentin, qui souffrait le martyre, mademoiselle, permettez-moi de vous dire que vous faites complètement erreur ! Je connais ces personnes dont je suis le proche parent. Elles se sont réfugiées ici, loin des importuns, pour se reposer dans la paix des montagnes de grands travaux et de grandes douleurs. Non, ce n’est point un jeune ménage ! Une amitié sainte les lie l’un à l’autre ! Peut-être avez-vous mal compris, mal lu sur votre registre. Il s’agit de M. et de Mlle de Beigneville ! C’est le frère et la sœur, ni plus ni moins !

— Là ! qu’est-ce que nous disions, firent entendre en même temps Mlle Élise et Mlle Florise.

« Nous pensions bien, nous, qu’ils étaient frère et sœur ! expliqua encore Mlle Florise. Cette belle personne avait des soins quasi maternels pour son compagnon. Monsieur, ils ont passé vingt-quatre heures ici. Lui avait une chambre au levant qui regarde Pra-de-la-Cour.

— Et elle, continua Mlle Élise, une chambre au couchant, face au Mont Celas !

— Eh bien ! en voilà une histoire ! exprima Mlle Denise en haussant les épaules. C’est toujours comme cela dans le grand monde, et l’on voit que c’est des gens du grand monde !… Et pas des nouveaux riches, vous savez ! Jamais un mot plus haut que l’autre ! Tenez ! ce