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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/206

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GASTON LEROUX

Alors Saïb Khan dit :

— Que l’on apporte la coupe et le couteau !

Et Sangor apporta la coupe et le couteau.

La coupe était en or et supportait le couteau qui était aigu comme une lancette, mais dont le manche lourd était surchargé de pierreries…

— Où est le sang ? demanda Saïb Khan.

— Le voici ! répondit une voix, qui ne s’était pas encore fait entendre, mais qui fit se retourner brusquement, malgré sa faiblesse et son étourdissement, Christine au comble de l’épouvante.

Elle avait reconnu la voix du marquis de Coulteray !! C’était bien lui… C’était bien Georges-Marie-Vincent.

Depuis le commencement de la cérémonie, il était là, allongé à son côté, derrière elle, attendant le moment de prononcer la parole fatale qui allait faire de Christine sa nouvelle victime et sa nouvelle épouse !

— Je donne à Dourga, dit-il, le sang de ma nouvelle épouse !

Et tous lui répondirent :

— Hyménée ! Hyménée !

Et Saïb Khan s’approcha avec Sangor, qui portait la coupe et le couteau.

Christine fit entendre un rauque sanglot, tendit tout son être dans un désir éperdu de fuir le supplice qui se préparait. Mais Georges-Marie-Vincent la renversa sur son bras et elle ne put offrir aucune résistance au sacrificateur qui lui incisait la gorge…

Le sang coula dans la coupe… et peu à peu Christine, avec ses forces et sa vie, sentit que s’en allait toute son horreur…

Elle n’avait plus même la force de l’épouvante. Elle n’eut point même celle du dégoût.