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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/218

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GASTON LEROUX

— Ah ! vous revoilà, vous !… Lebouc, je ne sais pas ce que vous allez m’annoncer…

— Quelque chose d’étonnant, monsieur le directeur !…

— Mais avant tout, je tiens à ce que vous me disiez si oui ou non, vous êtes pour quelque chose dans les articles de presse qui visent les soi-disant scandales de Corbillères sur lesquels je vous avais ordonné l’autre jour de garder le plus grand silence !

— Ces scandales de Corbillères, c’est moi qui les ai dénoncés, prononça à haute et intelligible voix M. Lebouc, et ces articles de presse, c’est moi qui les ai écrits !…

— C’est vous qui signez XXX !…

— Moi-même ! monsieur le directeur !

— N… de D… !

— Ah ! patron ! moi j’en ai assez d’être M. Lebouc émissaire, de travailler toujours pour les autres, de n’en tirer ni gloire ni profit, mais la plus répugnante ingratitude !… Toujours sacrifié !… Et toujours prêt au sacrifice !… Telle a été la devise que l’on m’a imposée depuis des années !… eh bien ! je la déchire !… je ne demande pas mieux que de vous servir, moi !… servir la police de son pays sans laquelle il n’est pas de justice possible, c’est une noble tâche !… mais je ne veux pas en être écrasé !…

« J’avais mal débuté dans la vie !… Un jour est venu où je me suis rangé à vos côtés parce que vous êtes les plus forts !… Hélas ! vous me l’avez bien prouvé !… Cette force, elle n’a pas cessé de s’exercer contre moi !… Alors, je me suis dit : il y a quelque chose de plus fort que la police, c’est la presse !… Et je me suis fait journaliste !

— Lebouc, vous êtes un âne !… Je vous aimais encore mieux quand vous étiez Lebouc… Vous ne savez pas ce que vous avez fait, Lebouc !… Vous avez si