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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/232

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GASTON LEROUX

« Oh ! rassurez-vous, monsieur !… Je ne veux pas vous causer d’ennuis, je ne veux plus causer d’ennuis à personne !… Seulement, puisque l’occasion s’en présente, je viens vous dire !  : Tout ce que j’ai écrit dans l’Époque est absolument exact !… Tous les crimes de Corbillères viennent des Deux Colombes ! La poupée elle-même, j’en ai la preuve depuis vingt-quatre heures, n’y était pour rien !… Bénédict Masson était innocent !… La dernière victime des Hindous et du marquis est une personne qui vous est chère !… Pendant que, comme un sot, je m’emparais de votre Gabriel, dont j’aurais dû me faire un auxiliaire, on enlevait Mlle Christine Norbert qui était livrée aux vampires !…

« Je vous dis tout sans vous ménager, car c’est la dernière fois que je reparle de ces choses !… À vous de profiter de mon dernier bavardage !…

« Pour votre gouverne, je ne pense pas que la poupée soit morte boulevard Diderot ! on en montrerait les restes !… mais ils veulent qu’elle le soit et c’est tout comme !…

« Agissez donc avec la plus grande prudence, soit de ce côté, soit du côté de Mlle Norbert s’il est temps encore de la sauver !…

« Pour moi, j’abandonne la partie, ces gens-là sont trop forts !… Pour étouffer le scandale, ils ont eu tout le monde avec eux !… Vous avez vu la villa ?… vous avez visité les Deux Colombes ?… Quelle somptueuse, mais honnête maison de campagne, n’est-ce pas ?… Peut-on rêver quelque chose de plus authentiquement bourgeois ?… On peut venir, les gens riront en pensant aux articles signés XXX !… Oh ! ils ont pris toutes leurs précautions ! Ils n’ont rien laissé derrière eux !…

« Et quant au marquis dont je n’ai pas à prononcer le nom… quel honnête homme, victime d’une légende absurde, qui, lorsqu’on le représentait présidant aux orgies des Deux Colombes, pleurait sa première épouse