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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/239

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LA MACHINE À ASSASSINER
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maître que j’ai toujours été pour vous tous !… Vous êtes plus arriérés que les derniers sauvages !… Vous m’avez vu autour de la marquise… Pendant mon absence et pour calmer vos cerveaux d’abrutis, on a ouvert son cercueil et on vous l’a montrée !… Depuis ce temps-là, on n’est pas descendu dans la crypte… demain matin, vous la verrez et on scellera définitivement sur la malheureuse que je n’ai pas cessé de pleurer la pierre du repos éternel !… et vous venez parler d’empouse !… tas de canailles !…

Tous furent debout, dans un tumulte qui n’annonçait rien de bon… Bridaille avait déjà bousculé la table qui était devant lui et arrivait sur le marquis dans un grand bruit de vaisselle et de verres brisés…

Achard n’eut que le temps de s’interposer.

Qu’est-ce que ça prouve ?… dit-il au marquis.

— Quoi ? qu’est-ce que ça prouve ?

Oui… qu’est-ce que ça prouve que vous nous la montriez demain matin ?… C’est la nuit qu’elle sort de son tombeau ! sur le coup de minuit !… comme tous « les empouses… » Ne faites pas le malin ! Vous en savez plus long que nous là-dessus !…

Le marquis lui jeta un regard sinistre :

— Eh bien ! je remets la cérémonie demain à minuit ! Es-tu content, Achard ?

— Oui ! fit Achard.

— Et nous sommes au vingtième siècle ! lança le marquis faisant claquer son fouet.

Il partit en rugissant. Il était déjà loin sur la route qu’ils l’entendaient encore, jurant, sacrant, insultant la terre, Dieu et les hommes !…

Quand on sut le lendemain matin à Coulteray et aux environs que la cérémonie était renvoyée à minuit, à