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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/241

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LA MACHINE À ASSASSINER
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bêtes de paysans, on ne sait jamais ce qui peut arriver… Il fit venir des bouteilles… Mais le curé ne touchait à rien… Le marquis en vida trois à lui tout seul ! Et, sur les onze heures du soir, il commença de s’attendrir fortement au souvenir de la marquise qu’il avait tant aimée !…

— Qu’elle me pardonne si je lui ai jamais fait de la peine, et qu’elle repose en paix dans son nouveau tombeau !

Sur quoi il se mit à en vanter l’architecture et les motifs sculpturaux. Le tombeau coûtait cher, mais le marquis avait toujours pensé qu’il n’y avait rien de trop beau pour Bessie-Anne-Elisabeth…

Un grand bruit sourd se faisait entendre autour du château ; le cimetière, « la baille » étaient déjà pleins de monde, malgré le froid qui était assez vif.

La nuit, du reste, était belle et une grande lune pâle glissait derrière les nuages argentés…

Ils partirent tous trois pour la chapelle. On les reconnut et on leur fit place. Tout murmure cessa sur le passage du marquis. On attendait !… et plus d’un frissonna à cause de cette attente !…

Tout était déjà prêt pour la cérémonie… Le vicaire avait tout fait préparer… mais on n’ouvrit la crypte qu’au dernier moment, car on s’écrasait aux portes. Les femmes, surtout, paraissaient enragées tant elles avaient hâte de voir. Il y en avait là qui stationnaient depuis des heures.

M. Lebouc fut l’un des premiers à se glisser dans la crypte, mais il était moulu, il n’avait pas aperçu Jacques.

Certains groupes qui avaient trompé les heures d’attente en vidant les bouteilles qu’ils avaient apportées étaient joyeux et s’essayaient à des plaisanteries qui n’avaient guère d’écho : « Taisez-vous, païens ! » leur criait-on.