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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/250

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GASTON LEROUX

Jacques se taisait. Il ne lui répondait rien. Il pleurait. Il pleurait maintenant sur lui-même !

Christine reprit :

— Ici, on a cru à un accident. J’ai, du reste, tout fait pour cela, on a cherché le cadavre, mais la fonte des neiges est arrivée et on n’a rien retrouvé, ce qui a paru tout naturel. On plaint la sœur d’avoir perdu un tel frère ! Le curé de Lucéram est venu dire une messe hier à notre petite chapelle pour le repos de son âme ! Nul ne se doute qu’il est au fond de mon armoire !

Ils étaient arrivés au chalet. Il y avait un bon feu de bois dans la cheminée.

— Tiens ! réchauffe-toi ! Tu dois être gelé, lui dit Christine. Je vais t’apporter un bol de bouillon bien chaud, et aussi tous ses papiers, tout ce qu’il m’écrivait ! Tu comprendras pourquoi il a voulu mourir. Quelle âme, et combien il a souffert !

Elle revint avec le bol de bouillon et, dans un coffret, tous les précieux papiers.

— Lis 1 fit-elle… Je viendrai tout à l’heure.

Et elle partit en sanglotant.

Quant à lui, il sortit de la poche intérieure de son vêtement un gros cahier sur lequel il avait noté au jour le jour tous ses travaux et où l’on pouvait trouver, précisées avec le plus grand soin, toutes les conditions de la sublime mécanique. Il joignit à ce cahier les papiers que lui avait apportés Christine et, sans les lire, il jeta le tout au feu.

Quand Christine rentra, il n’y avait plus guère de ces documents merveilleux que des cendres et quelques bouts de feuilles roussies. Christine comprit ce qui venait de se passer. Elle jeta un grand cri et se précipita sur le foyer.