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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/39

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III

OÙ LE COURAGE DE M. BIROUSTE TROUVE
ENCORE L’OCCASION DE SE MANIFESTER

Quand M. Birouste parlait de son courage, il n’avait l’intention de tromper personne. Il se trompait lui-même, voilà tout.

Notre herboriste avait un faux courage, comme il avait un faux savoir, une fausse ignorance, un faux orgueil, une fausse modestie, de faux tiroirs (pour y cacher des produits que la pharmacie seule a le droit d’écouler) et un faux toupet.

Persuadé qu’il avait poussé le dévouement pour ses semblables — si tant est que l’on puisse se servir de ce terme quand il s’agit d’un herboriste et de trois vieilles dames dont une demoiselle — au delà des bornes d’un héroïsme ordinaire, ce fut avec un gros soupir de soulagement qu’il se vit enfermé chez lui à l’abri des surprises, des terribles surprises de la science !…

Hélas ! ce soupir-là ressemblait beaucoup à un gémissement !

On a beau faire profession de ne douter de rien, de ne reculer devant aucune perspective ; on a beau marcher de pair avec le génie et annoncer avec tranquillité à un auditoire de vieilles dames médusées que la science avec