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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/69

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LA MACHINE À ASSASSINER
65

VI

UNE NOUVELLE QUI RÉPAND LA TERREUR…

Ah ! c’est fini pour quelque temps de chanter les chansons de Béranger !… Pauvre M. Flottard !… Adieu l’amour, l’amitié, le vin, qui narguent toute étiquette !… turlurette, laderirette !… Adieu le joyeux tournebroche !… du moins pour aujourd’hui !… Le tournebroche ?… M. Flottard ne pense qu’à son couteau !… Et Mme Flottard, donc !… Quel drame !… D’autres diront qu’avec un énergumène pareil « ils l’ont échappé belle !… » Oui, mais, il y a une chose à laquelle ils n’ont pas échappé, c’est à la vision de cet homme qui se promène tranquillement avec un couteau dans le dos !… cette vision-là les poursuivra longtemps !…

— Quand tu l’as frappé, soupire Mme Flottard, j’ai cru qu’il allait tomber foudroyé !

M. Flottard ne répond pas, car c’est lui qui est foudroyé !… Le feu du ciel, venant soudain le visiter en un jour d’orage ne l’eût pas, momentanément, plus singulièrement immobilisé contre le mur qui l’empêche de choir, que la surprise d’un tel événement ne l’a figé dans une grimace qui prêterait à rire si elle ne donnait à Mme Flottard l’envie de pleurer.

Celle-ci a encore la force de murmurer des choses confuses, car ce qui domine chez elle, c’est le sentiment