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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/71

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LA MACHINE À ASSASSINER
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aventure, l’ « homme à tout faire », je vous prie de le croire, se paya une pinte de bon sang !…

Alors, on commença à se dérider autour de lui et, pendant que M. et Mme Flottard continuaient à montrer leurs figures de croque-mort, le petit Gustave, l’ami Elias, les trois domestiques accourus au bruit des esclaffements, firent chorus avec le joyeux farceur.

Quant à M. Durantin, maraîcher, qui prend tout au sérieux, il était déjà sorti, répandant le bruit dans Pontoise qu’on avait voulu assassiner M. et Mme Flottard « qui n’en valaient guère mieux… »

Un quart d’heure plus tard, il y avait deux cents personnes devant la rôtisserie.

C’est à ce moment qu’un auto-taxi venant de Paris, à toute allure, s’arrêta net devant cet encombrement et ce tumulte. Deux voyageurs en sortirent, demandant en hâte des explications. Ces deux voyageurs étaient le vieux Norbert et Jacques Cotentin…

Nous avons laissé ceux-ci avec M. Lavieuville. Usant des quelques vagues renseignements que l’honorable marguillier avait pu lui communiquer et sachant que Gabriel avait dirigé la petite auto à conduite intérieure du côté du pont Sully, ils s’étaient dirigés rapidement de ce côté, étaient remontés sur la rive gauche, avaient bientôt acquis la preuve que celui qu’ils voulaient joindre s’était arrêté au coin de la rue du Cardinal-Lemoine et du boulevard Saint-Germain, devant un garage qui venait d’ouvrir et où il avait demandé, par écrit, si l’on pouvait lui vendre ou lui montrer une carte routière de Seine-et-Oise.

— C’était un muet, certainement, n’est-ce pas, messieurs ?… Il paraissait bien pressé… Un drôle d’individu !… On ne voyait que le bout de son riez sous la casquette qui l’emmitouflait… son col de pardessus relevé… Parole ! il avait l’air de se cacher… il tournait tout le temps la tête… Enfin il a aperçu cette carte,