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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/83

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LA MACHINE À ASSASSINER
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yeux étaient redevenus tristes et doux et j’ai cru qu’il allait pleurer… mais ça n’était pas son genre… Il m’a payé ce qu’il me devait et il est parti… je ne l’ai jamais revu… C’était la veille du jour où l’on a découvert le cadavre de ma pauvre petite Mariette.

« Bien sûr que j’en ai parlé à la police quand elle est venue. J’ai donné les renseignements que je pouvais sur lui comme sur tous ceux qui ont passé par ici depuis trois semaines, un mois !… La police l’a recherché, mais je ne pense pas qu’elle l’ait rejoint, sans ça je le saurais !… Il aura quitté le pays. Quand on est comme ça on ne doit se plaire nulle part.

— Comment était-il habillé ? questionna Jacques, la voix sourde.

— Eh bien ! comme tout le monde, en complet veston et un gros pardessus de bourgeois, qui ne lui allait, du reste, pas du tout. Ça lui flottait dans le dos. Mais il avait l’air de se ficher tout à fait de la toilette, comme de tout le reste !

Cinq minutes plus tard, l’horloger et Jacques étaient sur la route.

— C’est lui ! gémit le vieux Norbert en s’accrochant à Jacques. Il est revenu sur le théâtre de ses crimes comme un assassin qu’il est. C’est plus fort qu’eux. Seulement, lui, il continue ! Et Christine n’est plus avec lui.

— Non ! mais Christine est vivante !… souffla Jacques.

— Vivante ! Vivante ! qu’en sais-tu ?

— Il ne venait à cette auberge que pour y chercher la nourriture qu’il lui portait !… puisque la nourriture disparaissait… qu’en eût-il fait ?… Ça n’était pas pour lui, bien sûr !

— C’est vrai !… mais c’est vrai !… râla l’horloger… mais où l’avait-il mise, Christine ?

— Là où elle est peut-être encore !…