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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/91

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LA MACHINE À ASSASSINER
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le poète à qui son fils a tranché la tête et qui emporte cette tête dans un panier… le fils tombe, la tête roule et la tête demande : « T’es-tu fait mal, mon enfant ? »

« Hélas ! hélas !… moi, qu’ai-je fait ?… c’est moi qui ai fait trancher la tête de mon enfant !…

« Non ! non ! je ne veux pas mourir !… Je ne veux pas mourir !… Je suis à Corbillères !… Je ne veux pas qu’il fasse de moi ce qu’il a fait des autres !…

« Je ne veux pas avoir le sort de la petite Annie !… Au secours ! au secours !… Moi aussi, je crie au secours, Jacques !… Mais, comme pour la victime du dernier des Coulteray, tu arriveras trop tard !… et je sais où sera mon tombeau !…

« J’ai vu ce que Bénédict faisait des restes de la petite Annie ! Tu sais où tu dois chercher mes cendres !…

« Horreur ! horreur ! voilà ce que tu as fait de moi, Gabriel ! Eh bien ! non, je ne te pardonne pas !… Tu trouvais donc que je l’aimais trop ! c’est par jalousie que tu as fait cela, dis ?…

« Sois heureux !… c’est toi qui auras été mon bourreau.

« …Il est sorti !… J’ai essayé de fuir, mais on ne peut pas fuir de cette chambre. Elles ont dû en savoir quelque chose, celles qui sont passées par là !…

« La fenêtre qui donne sur le jardin a des barreaux et la porte est d’une solidité à toute épreuve…

« Il ne doit vous descendre de là que pour vous conduire à la cave, étape dernière avant… avant ce que j’ai vu !… Je deviens folle ! Mon Dieu, ayez pitié de moi !

« Est-ce une idée ? Quand il m’a quittée, tout à l’heure, ses yeux étaient moins méchants.