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Page:Leroux - La Machine à assassiner.djvu/92

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GASTON LEROUX

« J’entends ses pas… dans l’escalier.

« Ah ! j’ai peur ! j’ai peur !

« Il est entré. Il avait dans les mains un bol de bouillon chaud. Il me l’a tendu et ses yeux me priaient de le prendre. Ses yeux étaient doux et tristes.

« Il ne me parle que par son regard. Il est muet, mais il pourrait me faire des signes. Un muet a cent façons de se faire comprendre. Mais, lui, il se contente de me regarder et c’est tout ! Il pourrait m’écrire. Tu sais qu’il a « tout ce qu’il faut pour écrire ». Nous lui avons mis dans ses poches tout le nécessaire, avec ses clefs.

« Il paraît au courant de bien des choses… Il sait se servir de ses clefs, des clefs que nous avons mises dans sa poche… cela, j’en ai la preuve… j’ai entendu hier certain bruit d’engrenage suivi d’un effrayant tintinnabulement de clefs et j’ai eu peur qu’il entre…

« Mais je ne l’ai pas vu de la nuit…

« … Et, ce matin, ses yeux sont tristes…

« Est-ce que le danger serait passé ?…

« On ne peut jamais être sûre de rien en face d’un personnage pareil ! Sais-tu à qui je pense quand je me trouve devant lui ?… au moine Schwartz, ce bénédictin qui aurait inventé la poudre, et qui, après une première déflagration, craindrait toujours de voir exploser son mélange…

« Eh bien ! moi, je crains toujours de voir exploser Gabriel…

« Un sérum radioactif en a fait une chose dont tu n’as peut-être pas mesuré toutes les conséquences !…

« Sans compter que tu as mis dans la boîte crânienne le cerveau de l’homme de Corbillères !… Tu as déchaîné