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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/104

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LA POUPÉE SANGLANTE

grands philosophes — je parle sérieusement — a prouvé par une série d’équations qui en valent bien d’autres, qu’il y a plusieurs mondes et par conséquent plusieurs dieux. D’autres ont non moins prouvé qu’il n’y en a qu’un seul, mais ils ne sont point d’accord sur lequel. Le Dieu de Socrate, de Descartes, n’a rien à faire avec celui de Pascal, ni surtout avec celui de Spinoza !… Déisme ? Panthéisme ? Où est la vérité ?… Et vous me demandez s’il y a des vampires ? S’il est possible qu’un seul Coulteray ait vécu cent cinquante ou deux cents ans ?

» Mais je n’en sais rien, moi, monsieur ! continua-t-il de sa voix un peu professorale et qu’enrouait une laryngite chronique… mais ceci est le secret de la vie et de la mort que nous n’avons pas encore pénétré, mais que nous ne désespérons pas de violer un jour !… Où commence la vie ?… où commence la mort ?… Partout ! nulle part ! Ni commencement, ni fin ! Que voyons-nous ? Qu’observons-nous ? Des transformations, des mouvements qui recommencent… que nous pouvons appeler : les pulsations du cœur de Dieu !… Voilà ce que l’expérience déjà nous a appris !… Une chose que l’on croit morte n’est que de la vie en sommeil… La science, un jour, monsieur, comme nous l’avons fait pour l’électricité avec la bouteille de Leyde, arrivera à mettre en flacon les éléments de cette vie épars dans ce que nous croyons être aujourd’hui de la mort !… Et ce jour-là nous aurons recréé de la vie !… Nous aurons tiré la vie de la mort comme on pourrait tirer, en principe, du radium de cette table !… En attendant, monsieur, je ne puis dire qu’une chose à Christine : « Priez ! Priez pour la marquise !… Priez pour ceux qui croient aux vampires !… pour ceux qui ne croient à rien !… Priez pour moi