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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/111

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LA POUPÉE SANGLANTE

C’était l’intérieur du corps que l’on travaillait et que j’entendais grésiller de ma fenêtre.

Et puis Jacques jeta ses tenailles et, aidé de l’homme aux bras rouges, resta penché sur Gabriel pendant un temps qui me parut infiniment long.

Christine me tournait le dos ; j’imaginais facilement que, de la façon dont elle était placée et dont elle tenait le poignet du patient, elle ne cessait de tâter le pouls de-celui-ci, précaution primordiale dans une intervention qui me paraissait se prolonger au delà des bornes ordinaires…

Enfin l’opérateur et son aide se relevèrent.

Ils étaient rouges de la tête aux pieds, effrayants à voir.

Jacques jeta ses petits outils d’acier, instruments de torture et de salut, sur la table où se trouvaient tout à l’heure les débris d’humanité que je ne voyais plus et qui devaient brûler dans le fourneau du laboratoire, car l’épouvantable odeur persistait…

Et, distinctement, j’entendis Jacques qui disait :

En voilà assez pour cette fois. Il faut faire disparaître tout ce sang… et maintenant du sérum, du sérum, du sérum !…

Sur quoi Christine se retourna et vint fermer la fenêtre.

Elle avait un visage tout à fait rassuré et une sorte d’allégresse semblait rayonner sur son beau front calme.

C’est en vain que je cherchai sur ses traits adorés la trace de l’émotion au moins physique qui avait dû « lui soulever le cœur » pendant ces horribles minutes…

Rien !…

Elle que j’avais vue si inquiète, dans le jardin, quelques instants auparavant, elle avait su se