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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/121

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LA POUPÉE SANGLANTE

éclat insupportable, aidait le marquis à la maintenir.

Dès que la malheureuse nous aperçut, elle jeta un grand cri, où elle mettait je ne sais quel espoir :

Cette fois, c’est au bras ! nous cria-t-elle… Tenez !

Et elle leva son bras, et nous vîmes, non loin de l’épaule, une petite blessure qui laissait couler abondamment un sang vermeil…

— Ah ! vous étiez ici ! fit le marquis (paroles qui me frappèrent… il ne nous croyait donc pas dans l’hôtel)… Tant mieux ! vous allez m’aider à la calmer… Ça n’est rien du tout… moins que rien !… Elle s’est fait une petite blessure… je parie qu’elle s’est piquée au rosier !… et voilà dans quel état nous la trouvons !…

Pendant qu’il parlait ainsi, la marquise ne cessait de répéter dans une espèce de hoquet :

— Ne me quittez pas !… Surtout ne me quittez pas !…

Là-dessus Sangor accourut… Il parut aussi surpris que son maître de nous trouver là… Il avait à la main un flacon sur l’étiquette duquel je lus : citrate de soude.

Le marquis, aussitôt qu’il vit le flacon, cria à Sangor :

— Imbécile ! ce n’est pas ce flacon-là !… Je t’ai demandé le chlorure de calcium !

Sangor s’inclina, s’en alla et revint presque aussitôt avec le chlorure de calcium demandé.

Le sang qui coulait de la petite plaie s’arrêta bientôt sous l’action du chlorure… Le marquis prodiguait ses soins à sa femme avec une grande douceur et des paroles d’encouragement, tandis qu’elle se pâmait…