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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/122

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LA POUPÉE SANGLANTE

Je regardai la blessure, elle n’était pas plus grande qu’une grosse piqûre d’aiguille.

Sur ces entrefaites, le docteur hindou se présenta.

Le marquis lui dit :

— Elle s’est blessée au bras… et naturellement, une nouvelle crise !

Sur quoi Saïb Khan nous pria de le laisser seul avec sa malade.

Celle-ci rouvrit les yeux et nous regarda d’un air tellement suppliant que j’en eus le cœur malade. Cependant, sous le regard de Saïb Khan, et aussi sous celui du marquis, elle n’eut pas la force de prononcer une parole. Ses lèvres tremblantes ne laissèrent passer qu’un faible gémissement. Il fallut la quitter.

Le marquis nous faisait déjà signe. Nous sortîmes de la chambre. Sangor et Sing-Sing marchaient derrière nous.

Le marquis nous montra la porte brisée :

— Vous voyez, nous expliqua-t-il, j’ai dû enfoncer la porte ! Nous ne pouvons la laisser seule pendant ses crises. Elle se tuerait, se jetterait par la fenêtre, se ferait éclater le front sur les murs !

— Comment cela est-il arrivé ? demanda Christine.

Quant à moi, je ne demandai rien. J’étais affreusement troublé et j’osais à peine regarder le marquis, tant j’avais peur qu’il pût lire dans ma pensée. Dans ma très hésitante mais effroyablement inquiète pensée.

Il nous conduisit dans un petit salon qui était réservé à la marquise, au rez-de-chaussée, et dont la fenêtre était encore ouverte sur le jardin. Contre cette fenêtre grimpait un rosier.

— Elle respirait l’air du soir à cette fenêtre,