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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/127

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LA POUPÉE SANGLANTE

XIV

VEILLÉE

Il était tard maintenant, l’heure du dîner était passée depuis longtemps… nous ne nous décidions point à quitter ces lieux habités par une si mystérieuse douleur… On devait nous croire partis…

Notre dessein n’était point de nous dissimuler : cela eût été indigne de nous, mais en de telles circonstances on pouvait peut-être avoir besoin de notre secours ; en tout cas, c’est ce que nous pouvions répondre à qui s’étonnerait de nous trouver encore là…

Dans notre cabinet de travail, nous avions allumé la petite lampe électrique portative dont la lueur dessinait un carré clair dans la nuit du jardin.

Un grand silence s’était fait soudain dans l’hôtel, silence qui nous pesait peut-être encore plus que le gémissement lugubre et monotone qui nous tenait dans une angoisse si aiguë tout à l’heure…

Une demi-heure se passa ainsi ; nous travaillions vaguement à je ne sais quoi, livrés, Christine et moi, à des pensées que nous n’osions sans