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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/128

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LA POUPÉE SANGLANTE

doute pas nous communiquer… Enfin je lui demandai :

Et vous, Christine, le marquis vous laisse-t-il tranquille maintenant ?

Elle fut toute surprise par ce « et vous ? »

— Comment, et moi ? Pourquoi et moi ? fit-elle, assez émue… Croyez-vous qu’il y ait un rapprochement quelconque à faire entre… entre les imaginations de là-haut… et ce qui s’est passé ici ?

— Enfin il n’a pas renouvelé sa tentative ?

Elle sembla hésiter une seconde et puis :

— Non… je me suis arrangée pour cela !…

— Au fait, je dois constater que le marquis s’est toujours montré devant moi d’une correction parfaite à votre égard !… On dirait qu’il n’ose pas vous regarder, même quand il vous parle.

— Sans doute est-il un peu honteux, expliqua-t-elle avec simplicité, de s’être laissé aller à… à ce que nous pouvons appeler la violence de son tempérament… C’est vrai que, dans ces moments-là, il n’était pas beau à voir… On n’aurait su dire s’il voulait m’embrasser ou me mordre !…

— Ou vous mordre ? répétai-je en la regardant…

— Oh ! mais attention ! fit-elle en me souriant… c’est une façon de parler… je ne crois pas aux vampires, moi !… mais tout de même, il m’a fait peur !…

— C’est extraordinaire que vous soyez restée ici, Christine !

— Je vous ai déjà expliqué pourquoi, monsieur Bénédict Masson !…

Elle me jeta cette réplique comme si je l’avais outragée…

Ce fut elle qui rompit le silence pénible qui avait suivi…