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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/14

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LA POUPÉE SANGLANTE

jamais vu. À l’exception d’une femme de ménage qui vient chez eux le matin, personne ne pénètre jamais là dedans. Or, voilà que j’ai trouvé le moyen d’apercevoir le pavillon… Oui, cette nuit même, après que les lumières furent éteintes, sur la rue, je me suis introduit par une échelle dans le grenier de la maison que j’habite et, par une lucarne, j’ai vu !

Le pavillon a deux étages… le deuxième étage est transformé en une sorte d’atelier vitré auquel on accède par un escalier de bois extérieur. L’horloger et le neveu couchent au premier, Christine couche dans l’atelier. Il faisait un clair de lune éblouissant. Christine resta plus d’une heure, accoudée à la rampe qui court tout le long de l’atelier, formant balcon. Quelle nuit pour un poète et pour un amoureux ! Soudain, elle quitta le balcon et, d’un pas furtif, descendit quelques marches de l’escalier. Puis elle s’arrêta et prêta l’oreille du côté de l’appartement de son père et de son fiancé. Enfin, elle remonta, toujours avec de grandes précautions ; elle pénétra dans l’atelier, se dirigea vers un énorme bahut qui en occupe le fond, sortit une clef de sa poche, ouvrit la porte de l’armoire. Et je vis sortir de cette armoire un homme, qu’elle embrassa. Et puis je ne vis plus rien, car elle s’était empressée de fermer la porte-fenêtre et de tirer les rideaux.