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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/15

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LA POUPÉE SANGLANTE

II

OÙ BÉNÉDICT MASSON N’EST PAS AU BOUT
DE SES ÉTONNEMENTS

La nuit que je passai, il est facile de l’imaginer ! Moi qui avais tout vu dans le regard de Christine, je n’avais pas prévu cela : un monsieur caché dans une armoire ! Décidément je ne serai jamais qu’un poète, c’est-à-dire la plus pauvre chose qui existe au monde : « — Tu étais tout pour moi, mon amour ; pour toi mon âme languissait — tout pour moi : une île verte dans la mer, — une fontaine et un autel tout enguirlandé de fruits et de fleurs féeriques ! — Mais je n’avais pas prévu cela : le monsieur dans l’armoire ! — Désormais la coupe d’or est brisée ! que le glas sonne ! Encore une âme sainte qui flotte sur le flot noir !… Une de plus !… Ah ! les filles de Satan !… »

Eh bien ! je vais vous dire : cette nuit d’insomnie ne fut pas remplie seulement par le désespoir, la rage contre ma stupidité innée, mais aussi par une espèce d’allégresse diabolique, et vous allez comprendre tout de suite ce sentiment complexe. J’adorais Christine non seulement comme un ange que je continuerai toute ma vie