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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/158

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LA POUPÉE SANGLANTE

caché à la mère Muche, sous le sceau du plus grand secret, bien entendu. Celle-ci ne faisait qu’en rire. La mère Muche riait de tout depuis que le père Muche était mort.

— Quelle drôle de tête tu fais, Violette ! reprit la mère Muche… c’est-y qu’il y aurait du nouveau du côté de ta hutte ? T’as l’air tout retourné… Un verre de piot bien frais, hein, ça te remettrait peut-être bien !…

— Donnez donc « à bouère » et vous saurez tout, mère Muche ! La septième est arrivée !…

— Quelle septième ?…

L’autre haussa les épaules.

— Vous vous f… encore de moi !… Vous savez bien de quoi je parle !… Eh bien ! oui, je suis retourné à l’idée que cette pauvre petite-là y passera comme les autres !… et qu’il n’en sera pas plus question que si elle n’avait jamais existé !… Ah ! mais, cette fois, ça n’ira pas tout seul !… J’suis là !…

La mère Muche continuait à rire :

— Oui ! t’es là ! t’es toujours là !… Faudrait peut-être qu’il te demande la permission, vieux jaloux !…

Et elle lui versa à boire, mais le père Violette repoussa le verre, événement grave :

— Nous verrons bien si vous rigolerez comme ça le jour où je vous apporterai la preuve… une seule preuve… ça se rencontre !…

— Sûr ! répliqua-t-elle… il faut bien qu’il les mette quelque part, à moins qu’il ne les mange !…

— Vous blaguez !… je vous dis qu’elles n’ont point toutes repris le train !… Ça, c’est déjà une preuve !…

— Eh bien ! elles sont reparties par la route !… du moment que tu me dis qu’il est si laid, je ne