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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/159

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LA POUPÉE SANGLANTE
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vois point ce qui les aurait retenues à son service dans un endroit assez désolé… et puis aussi elles ont peut-être eu peur !… Alors, elles se sont sauvées !…

— Peur !… je vous crois qu’elles ont eu peur !

— Elles te l’ont dit ?

— La dernière me l’a dit ! (là-dessus il ressaisit son verre et le vida d’un trait pour se donner du courage ou s’éclaircir les idées), la dernière qui est restée près de trois semaines… Oui, j’ai pu lui parler à celle-là !… et elle m’en a raconté, allez, sur le Bénédict !…

— Et elle avait peur !… et elle est restée trois semaines !…

— Elle est restée justement à cause de ça !

— Elle est restée parce qu’elle avait peur ?

— Oui, que je vous dis !… Ah ! c’était une drôle de fille ! allez !… et on aurait pu croire qu’ils étaient bien faits tous deux pour s’entendre !… Eh bien ! elle a disparu comme les autres !… envolée, volatilisée !… c’est à ne pas croire !…

— Elle est peut-être simplement retournée à Paris !…

— Non ! j’ai fait mon enquête… Celle-là, je connaissais son nom et j’avais pu savoir où elle habitait !… On ne l’a jamais plus revue !… Elle s’appelait Catherine Belle ! et belle elle l’était, en effet !… Ah ! un sacré brin de fille !… Si elle avait voulu, je l’aurais bien débarrassée de son Bénédict, mais voilà, moi, je ne lui faisais pas peur !… Je vous dis que c’est inexplicable !… La première fois que je lui ai parlé, c’était un soir… je rôdais autour du chalet !… Je vois une ombre qui s’en échappe en courant ; puis la porte se rouvre et le Bénédict paraît ! appelant d’une voix suppliante : « Catherine !… Catherine !… »