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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/163

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LA POUPÉE SANGLANTE

qui sont venues là avant toi, sans quoi elles y seraient encore !…

» Elle a paru surprise de ce que je lui disais là et elle est partie toute pensive, sans rien ajouter. Alors je lui ai crié de loin :

» — Demande-lui donc, à ton oncle, où elles sont passées !…

» Là-dessus, elle s’est sauvée et ne s’est arrêtée qu’au chalet.

— Tout ça finira entre vous par du vilain !… conclut la mère Muche. Tu te mêles de ce qui ne te regarde pas et t’as peut-être bien tort, père Violette… En attendant, vide ton piot !…

— N… d… D… ! le voilà !

— Qui ?

— Notre paroissien !…

Et le père Violette sauta sur son bâton comme s’il avait à se défendre contre quelque animal redoutable…

La mère Muche allongea le nez à la fenêtre :

— Bon sang ! fit-elle… c’est vrai qu’il n’est pas beau !

Bénédict Masson traversait la cour. L’apparition de cet homme, dans le soir qui tombait, était sinistre.

Il sortait du bois comme une bête de sa tanière et la façon qu’il avait de tourner son mufle de tous côtés, comme s’il cherchait une proie à dévorer, donnait le frisson.

Il aperçut soudain la cabaretière et, derrière, le garde qui le considéraient, la première avec effroi, le second avec son habituelle hostilité.

Sans hésitation il pénétra dans la cuisine.

— Vous ! j’ai à vous parler ! fit-il au garde, tout de suite… Si vous voulez me suivre, ça ne sera pas long !…