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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/181

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LA POUPÉE SANGLANTE

habitait la maison et qu’il était très malade, qu’il avait fallu lui faire une opération de toute urgence et qu’on ignorait encore comment tout cela se terminerait malgré la science et le savoir-faire du carabin qui passait près de lui ses jours et ses nuits.

» Mon Dieu ! m’en avait-on donné des détails sur le cousin Gabriel !… que c’était le fils d’une sœur aînée du vieux Norbert, qu’il avait été condamné par tous les médecins, qu’on tentait l’impossible pour le sauver, etc.

» Au fond, moi, je m’en fichais qu’ils aient le cousin Gabriel ou non à la maison !… Mon ouvrage n’en était pas augmenté, c’était le principal !… Le malade restait enfermé au rez-de-chaussée de l’appartement du fond du jardin dans lequel je ne pénétrais jamais !… C’est tout juste si, de temps à autre, on ouvrait les persiennes et un peu les fenêtres pour donner de l’air… Un jour, j’avais aperçu, sous un drap, le corps d’un homme étendu, avec une figure tournée de mon côté qui n’avait pas l’air à la noce… Il me regardait de ses yeux fixes, comme si je lui devais quelque chose… Sûr, il n’en menait pas large !…

» Pour être malade, cet homme-là est malade ! que je me dis !… Mais qu’est-ce qui a bien pu l’arranger comme ça ?… Je l’ai vu autrefois, beau gars et dispos, du temps qu’on ne m’en parlait pas !… du temps qu’on le cachait à tout le monde !

» Je vous le dis entre nous, je pensais bien qu’il y avait eu du drame là-dessous !… Mais à chacun ses misères… Il faut bien que le pauvre monde vive !… Motus ! que je me dis ! Ils sont capables de me rejeter sur le pavé ! Et je me suis remise à la besogne comme si de rien n’était !…

» Quand la Christine me racontait quelque chose, j’empochais avec un air bête… Ça ne m’em-