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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/183

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LA POUPÉE SANGLANTE

» — Dis-lui qu’elle m’a envoyé la preuve ! ou « l’épreuve », je ne sais plus…

» Mais le vieux Norbert, impatienté, ne fit que hausser les épaules et lui referma la porte sur le nez.

» Moi, je ne comprenais rien à ce qui se passait, mais je voyais bien qu’on n’était pas à la rigolade dans la maison et j’étais sur des charbons ardents.

» Mademoiselle, toujours en regardant dans sa petite boîte, se laissa tomber sur une chaise dans le jardin.

» Elle n’y était pas depuis cinq minutes que le carabin la rejoignait.

» — Qu’y a-t-il, Christine ? lui demanda-t-il tout de suite.

» — Tiens ! fit-elle, voilà ce qu’elle vient de m’envoyer. Et elle lui passa la boîte.

» Ils me tournaient le dos, ils regardaient dans la boîte ; moi, je ne voyais rien !… Le docteur dut prendre l’objet en main… Il écartait les bras, les repliait et répétait :

» — C’est curieux ! c’est très curieux !…

» — Mais enfin, qu’est-ce que c’est ? demanda Christine.

» — Eh bien, ça, ma chérie, c’est un trocard !…

» — Oui ! il a bien dit : trocard, et même il l’a répété :

» — C’est une espèce de trocard !

» — Et qu’est-ce qu’un trocard ?

» Mais l’autre n’a pas répondu tout de suite. Il examinait encore l’objet, paraissait réfléchir, et tout d’un coup s’écria :

» — Ah ! la malheureuse !… la malheureuse ! la malheureuse !… Non, ça n’est pas une folle !… c’est elle qui avait raison !

» Et il ajouta :