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Page:Leroux - La Poupée sanglante, 1924.djvu/191

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LA POUPÉE SANGLANTE

croit connaître les gens !… Pour un trousseau de clefs !… j’ai pensé qu’il allait me briser !… mais je ne les ai pas vues, moi, ses clefs !… Et maintenant il les cherche dehors !… Il est dans la petite saulaie à fureter partout, comme un chien, le nez entre les herbes…

Le père Violette était très intéressé par ce que lui disait Anie. Il alluma son brûle-gueule et laissa entendre un gros rire :

— Pour ce qu’il y a à voler chez lui, il pourrait bien laisser les portes ouvertes… qu’est-ce qu’il veut qu’on en fasse de ses clefs, et à quoi ça lui sert-il ? Il s’imagine peut-être qu’il a un trésor !…

— Ah ! monsieur, il ferme tout derrière lui, et je n’ai pas le droit de descendre à la cave !… Il a des manies incompréhensibles !… Ça n’est pourtant pas un méchant garçon !…

— Tout à l’heure tu me disais qu’il a failli te mettre en morceaux !… Il faudrait tout de même s’entendre !…

— Assurément, il est coléreux quand ça ne va pas à son idée !…

— Et qu’est-ce que c’est que son idée ?… Pourrais-tu me le dire ? T’en sais peut-être bien plus long que moi là-dessus !… émit l’autre avec un coup d’œil en dessous vers Anie.

Mais celle-ci ne comprit pas ou fit celle qui ne comprenait pas… On n’est jamais sûr de rien avec ces gamines… Elle répondit naïvement :

— Pour le moment, son idée c’est de ravoir les clefs !

On entendit alors la voix de Bénédict au lointain : « Anie ! Anie ! »

— Je me sauve ! S’il savait que je vous ai parlé, j’en entendrais de toutes les couleurs !

Le lendemain, le père Violette eut l’occasion de